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LE LOT DE SISYPHE

 

les préoccupations artistiques de Sylvie Houriez, depuis quelques années, demeurent principalement liées aux vêtements manufacturés qui touchent au plus près le corps, le recouvrent en le moulant, le magnifient tout en le protégeant.

 

Une rencontre avec des matériaux, synthétiques ou naturels, est à chaque fois déterminante dans un processus de création qu'elle qualifie volontiers concomitamment de "psychique" et de "sensoriel". Gaines, guipures, culottes, bas, résilles, vestures qu'elle détourne de leur fonction, d'autant que ces enveloppes-là, ces dépouilles-là (dont on s'est défait) sont évidées et ressemblent à d'étranges chrysalides.

 

Car c'est bien sur une dialectique du plein et du vide, du contenu/contenant, de l'apparent et du réel surtout que repose la démarche de cette jeune artiste.

 

Des expériences iconoclates ou laudatrices, qu'elle assume tout à fait(je la cite): "Face à cette matérialité, j'analyse puis attaque la matière première afin de la démembrer. Je déstructure et restructure des visions composites. Je triture, déforme , contorsionne ces modules pour que se révèlent les premiers contours d'une forme nouvelle, inconnue, incongrue."

 

On nous dira qu'un tel travail - dentelle de Calais, de Caudry, de Valenciennes à la clef - n'est pas neutre dans notre région du Nord/Pas-de-Calais. Grande couture/petites mains !

C'est le lot du salariat féminin... De laine, de nylon, en dentelle, en coton, en soie ou en satin: ces falbalas, qui affublent le corps, ont du charme. Mais l'apparat érotique y est à la fois un "apparat"-appareil orthopédique.

 

Construction, déconstruction: le refrain est connu.

L'essentiel étant de reconstituer, de reconstruire.

Mais n'est-ce pas le lot de Sisyphe ?

 

Alain(Georges)Leduc.